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La grossophobie, c'est quoi ?

Aujourd'hui, on retrouve la grossophobie partout. A l'école, au travail, en famille, dans la magasins de vêtements, à la télé : vous avez forcément été témoin de grossophobie. Elle balade avec elle des stéréotypes réducteurs, que les personnes en surpoids ne peuvent échapper : un rappel constant d'un corps qui ne correspond pas aux attentes de la société.


Image montrant des corps de différentes tailles et morphologies, célébrant la diversité corporelle - Qu'est-ce que la grossophobie ?

Définition

D'après le dictionnaire Larousse, la grossophobie (nom féminin) désigne une attitude hostile, moqueuse et/ou méprisante, voire discriminatoire, envers les personnes obèses ou en surpoids.


Cette définition est apparue dans le dictionnaire Larousse en 2023. Pourtant, la discrimination envers les personnes en surpoids existe depuis bien longtemps. Elle a simplement toujours été banalisée, "normale". Aujourd'hui, nous en parlons davantage, ce qui explique peut-être cette apparition dans le dictionnaire.


La grossophobie et les préjugés autour du poids

L'image négative qu'on a de notre corps n'était très probablement pas présente à notre naissance. Elle s'est construite notamment autour du culte de la minceur, qui consiste à associer la minceur avec la santé, la réussite et la beauté.


Vous avez probablement vu dans votre enfance une personne s'obligeant à des séances de sport hebdomadaire (voire quotidienne) pour garder la ligne, une autre répétant "demain, c'est régime" après un gros repas de famille…


On a aussi toujours entendu qu'une personne est grosse, car elle ne fait pas de sport, mange trop sucré, trop gras, et reste toute la journée dans son canapé.


Ces paroles et ces actes sont basés sur des préjugés véhiculés par ce culte de la minceur dans son entourage et dans les médias. Il est important de déconstruire cette croyance sur le surpoids et l'obésité, qui n'a pas pour unique cause une mauvaise alimentation et un manque d'activité physique !


Comment se manifeste la grossophobie ?

La grossophobie peut se manifester envers soi-même (préjugés contre soi-même, impact sur l'estime de soi), envers une autre personne (travail, école ou autre, grand impact sur la santé des personnes) et aussi dans un aspect sociétal (messages véhiculés sur le poids, équipement inadapté dans des lieux publics, etc.).


Toutes ces manifestations sont comme des micro-agressions pour les personnes grosses. Leur impact n'est pas "micro", mais le geste l'est, car il inclut des petites choses du quotidien. La plupart des personnes ne va même pas s'en rendre compte, mais cela va impacter considérablement la personne en surpoids.



Ces agressions sont parfois dirigées contre soi-même par des paroles ou des actes qu'on s'impose. Certes, elles sont amenées par la société qui nous entoure, mais les messages sont bien dits par nous, pour nous. Et encore une fois, souvent, ça nous paraît "normal".


Vous vous reconnaitrez peut-être dans ces exemples : s'imposer de s'habiller dans des vêtements amples et noirs, car on a appris que ça "cachait les formes" ; s'interdire de manger un dessert au restaurant, car tout le monde va penser qu'on n'a pas de volonté…

 

Nous avons parlé plus haut des microagressions portées par nos paroles et celles de notre entourage. Ces phrases ne sont parfois pas dirigées à la personne en surpoids, mais peuvent être dites au cours d'une conversation.


Quelques exemples de paroles grossophobes : "il est gros parce qu'il n'a pas de volonté", "c'est pas compliqué de perdre du poids", …

 

Il y a aussi beaucoup de situations où l'environnement n'est pas adapté. Vous avez probablement déjà vu ou entendu le problème des sièges d'avion pour les personnes grosses : ces derniers sont trop étroits et nécessitent parfois même l'achat de deux billets d'avion pour que la personne se sente confortable. Il s'agit de la situation la plus abordée, mais ce n'est pas celle qui impacte le plus au quotidien. Effectivement, la notion de siège est importante. Peu importe son endroit, il faudrait tenir compte de sa solidité, de l'espace entre les chaises, des accoudoirs fixes…


D'autres situations où l'environnement n'est pas adapté : le choix des vêtements, la taille des toilettes dans les maisons ou les restaurants, la taille du bac de douche, …


Quelles sont les conséquences sur les personnes ?

Les microagressions ont des conséquences majeures, car elles entraînent de la frustration, un stress qui va avoir un impact sur la santé des personnes touchées par la grossophobie. La charge mentale s'alourdit pour devoir affronter un environnement non adapté, des commentaires sur le poids…


Pour leur bien-être, les personnes concernées vont éviter ces micro-agressions, ce qui grandit le risque d'isolement. Ces réactions vont finalement perpétuer le mythe de la personne grosse en mauvaise santé, isolée et avec peu d'estime et de confiance en elle.


Comment devenir un(e) bon(ne) allié(e) ?

La première étape est de se renseigner sur la grossophobie. Si vous lisez cet article, c'est que vous avez déjà débuté cette démarche !


Ensuite, si on constate qu'on a été à l'origine de micro-agressions, voici ce qu'il est possible de faire :

  • Prendre conscience de ses actes et/ou paroles ;

  • Se questionner sur ce qu'on pourrait faire d'autre lorsqu'on sera face à cette même situation : apprendre à faire mieux, à faire autrement ;

  • S'excuser auprès de la personne qu'on a agressée, sans chercher d'autres explications ou argumentations sur la situation : une phrase comme "j'ai fait quelque chose de mal, qui t'a blessé et je m'en excuse" suffirait par exemple.


Les excuses sont intéressantes, mais peuvent replonger la personne dans les blessures que nos actes ont pu causer. La personne n'est peut-être pas prête à aborder à nouveau cette situation et cela pourrait créer plus de dommages que le geste qu'on a commis. L'idéal est d'apprendre à vivre avec notre culpabilité pour le geste qu'on a commis et d'apprendre à faire mieux.


Enfin, si vous recevez du public dans le cadre de votre vie professionnelle, la meilleure façon d'être un(e) allié(e) de la grossophobie est de réfléchir à la conception des locaux et au choix des meubles, pour correspondre au mieux à toute la population.


Conclusion

La grossophobie est un sujet qui existe et qui a été normalisé depuis des siècles. Aujourd'hui, il est temps de prendre conscience de ses actes et de trouver des solutions pour la faire disparaître pour les futures générations.


Il est important de rappeler que parler de grossophobie ne signifie pas que tout le monde doit être en surpoids ou en obésité. Non, elle permet de pouvoir aborder plus simplement le poids, sans jugement.


L'objectif de cet article était de vous aider à repérer ses micro-agressions, qui peuvent être dévastatrices pour la personne agressée : elles conduisent à la honte, à l'isolement, entretiennent le cycle vicieux de la dépression. Les repérer vous permettra ensuite de les éviter et de devenir un allié contre la grossophobie.



Ce sujet vous a intéressé ? Voici quelques ressources pour aller plus loin :

  • Podcast : Grossophobia ou Au delà du miroir (disponibles sur toutes les plateformes d'écoute)

  • Vidéo de la campagne La grossophobie ça suffit du site equilibre.ca

  • Livre : Grosse, et alors ? Connaître et combattre la grossophobie - Edith Bernier

Et bien d'autres ressources à explorer ...


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