L'alimentation peut parfois être un sujet compliqué quand on est jeune parent. Se pose alors la question : est-ce normal ? Notre entourage nous dit que ça va lui passer, qu'on a qu'à lui proposer plus de légumes et qu'il devrait manger ... Comment reconnaître si bébé est dans une phase classique liée à son âge (néophobie alimentaire) ou s'il présente un trouble de l'oralité (ou trouble alimentaire pédiatrique) ?
Qu'est-ce qu'un trouble de l'oralité ?
Scientifiquement appelé trouble alimentaire pédiatrique (Pediatric Feeding Disorder en anglais),
le terme trouble de l'oralité est de moins en moins utilisé par les professionnels, mais reste néanmoins le plus connu pour les parents.
Il est défini dans une récente étude comme une altération de l'absorption orale alimentaire, qui n'est pas approprié à l'âge et qui est associé à des problèmes médicaux, nutritionnels, des compétences alimentaires et/ou à un dysfonctionnement psychosocial.
Les signes qui doivent vous alerter
Difficultés lors de l'allaitement
Incapacité à passer à une alimentation texturée après 10 mois
Incapacité à accepter des aliments solides après 12 mois
Sélectivité des goûts, textures et couleurs
Panel alimentaire restreint (moins de 20 aliments)
Haut le cœur, réflex nauséeux pendant le repas ou à la vue de certains aliments
Refus de venir à table et de manger
Impact sur la vie social de l'enfant
Difficulté à manger même en l'absence des parents (crèche, grands-parents)
La présence d'un ou de plusieurs signes ne veut pas forcément dire que votre enfant présente un trouble de l'oralité. Un entretien plus approfondi par un pédiatre et un orthophoniste est nécessaire pour poser le diagnostic. Je vous conseille donc d'en discuter avec votre pédiatre.
Pourquoi consulter une diététicienne ?
La prise en charge d'un trouble de l'oralité est pluriprofessionnelle : orthophoniste, diététicienne, ergothérapeute ... Elle est définit tout au long de son parcours selon les difficultés de l'enfant.
La diététicienne a pour rôle de s'assurer que les besoins nutritionnels de l'enfant sont couverts pour permettre une bonne croissance et un bon développement de l'enfant. Grâce à son expertise sur les aliments, elle pourra définir les aliments à réintégrer en priorité, en lien avec les autres professionnels. Des astuces sur la préparation de ces aliments pourront être proposées aux parents.
"La diététicienne concoure à redonner au temps du repas sa dimension de partage, d'échange familial, de détente et surtout de plaisir"
L'objectif principal de diversification alimentaire pourra être travaillé par des jeux/activités proposés aux parents pendant la consultation et à réaliser ensuite à la maison avec l'enfant. Les activités seront adaptées selon l'âge de l'enfant pour l'inclure dans sa prise en charge.
Quelles différences avec la néophobie alimentaire ?
La néophobie touche 75% des enfants de l'âge de 2 à 10 ans et coïncide avec la phase du "non". L'enfant tolère les aliments dans son assiette, les trie les aliments et les refuse. Il peut les refuser sur certains repas et les accepter sur d'autres.
La première chose à faire dans cette situation est de présenter plusieurs fois les aliments (jusqu'à 10 fois !), sous différentes formes/couleurs/textures. Le visuel a un rôle important : n'hésitez pas à vous amusez dans la présentation de l'assiette de votre enfant !
Parfois, cela ne suffit pas, la phase dure et les repas deviennent conflictuels. Je vous invite alors à prendre rendez-vous avec une diététicienne pour discuter de la situation et trouver des solutions.
Comments